Cela remonte le moral, fait rougir les joues, rend les yeux plus bleus encore...
En partant de chez moi, je regarde d'un air bienveillant la porte d'à côté, celle de gauche.
Agnès.
Au croisement de la rue Louis Blanc et du boulevard de l'Europe, une petite silhouette me fait tourner la tête. La voix grave et basse me dit bonjour et m'accompagne jusqu'au lycée. On rit, on parle des TPE, de mon année d'avance, de l'école qui l'ennuyait et qui me comble.
Et puis il y a cette petite phrase, ce petit détail qui me montre qu'elle sait bien, et qu'elle me (voire nous bien sûr) soutient.
-Quel âge aurez-vous ? 17 ans ?
-Non, 16 !
-Ah mince... Ah vous avez encore deux ans à attendre alors...
En sortant du cours d'histoire, je regarde en souriant la porte de la salle d'à côté, celle de gauche.
Catherine.
Elle me reconnaît, me vouvoie, croit que je suis une stagiaire de Christine, me parle, me sourit.
Elle est gentille.
Elle s'en va dans la rue ensoleillée et je monte doucement vers la salle de Maths-Info d'une démarche joyeuse.
J'obtiens 12 à mon bac blanc de Mathématiques. Je suis contente. Je n'en attendais pas mieux. C'est très bien comme cela.
En entrant dans la 312, Garfu lit sur mes lèvres et hoche la tête, triomphante.
Yes yes yes, elle a eu son code.
Elle rentre chez elle pour déjeuner alors je m'en vais errer dans le centre commercial accompagnée d'Eléonore. Je passe devant le rayon des CD, je regarde doucement.
Puis je m'éloigne et tourne au rayon 'confiseries'. J'empoigne un paquet de fraises Tagada.
Je me décide ensuite pour un sandwich au poulet rôti avec tomate et oeufs.
(c'est d'un passionnant ce que je raconte. Je ne vous en voudrais pas de décrocher. J'écris pour moi avant tout).
Il fait froid sur ce banc, sur l'arrêt de métro. Mais il y a du soleil. Et ce sandwich est délicieux.
Une écharpe verte puis des cheveux longs, là-bas, me préviennent que Garfu est arrivée.
Georges Braque ne tarde pas, et c'est parti jusqu'au terminus.
Marion nous raconte ses déboires de l'auto-école. On rit, doucement. C'est sympa. Elle est gentille Marion. Elle au moins elle n'est ni perverse, ni viscieuse, ni profiteuse comme toutes les autres.
Elle est nature. Vraie.
Arrivées dans la forêt, la sirène n'est pas encore arrivée.
L'envie nous saisit de nous allonger sur la mousse verte et tendre, en plein soleil, et de l'attendre comme cela, mais nous finissons par nous asseoir sur le banc collé à la table et d'écouter 'Révolution', puis 'Hey Jude' et enfin 'Je te donne', quand la sirène arrive enfin.
On fait le tour de la forêt. Cela décrasse les poumons, fait travailler les jambes, nous fait prendre conscience de notre corps. Et cette fois la forêt ne sent pas le chocolat fondu.
J'aime courir.
Même si je ne fais pas ça très bien.
Ce n'est pas le problème, non. J'aime bien.
Tout simplement.
On revient, on repart, cette fois munie d'une carte.
En courant, je me plais à imaginer qu'Elle est là, sur ce chemin que je vais prendre, qu'elle joue la promeneuse solitaire et qu'Elle m'attend, pour caresser mes petits cheveux courts, pour me sourire, pour accrocher sa main dans la mienne, pour m'accompagner partout où je vais.
Elle n'est pas là mais aujourd'hui je ne suis pas triste. Je veux tout prendre du bon côté.
Et en effet, je prends tout du bon côté, car après avoir glissé le paquet de Tagada dans le sac de sport gris, bleu et blanc de la sirène, après qu'elle nous en ait donné à chacun deux, après avoir fait le trajet en métro, après avoir essuyé les larmes d'Emmanuelle, je trouverais presque que la prof de Latin est souriante, voire de bonne humeur !
À la sortie, j'aperçois deux têtes blondes sur le trottoir d'en face. Christine et Camille.
On s'arrête, on discute, on aperçoit ce qui m'accroche un immense sourire aux lèvres : des cheveux noirs teints en blond, retenus par une pince qui forme un chignon bizarre, un visage que je connais, même sans avoir mes lunettes sur le nez. Je ne sais pourquoi voir Mme Gonzales me rend soudain d'aussi bonne humeur. Sans aucun doute parce que je me rassurais depuis des semaines en me disant que ce serait elle qui viendrait nous écouter lors de notre oral de TPE. Et que je viens de la voir traverser la rue et entrer dans le lycée. Et que Christine me dit qu'elle est venue là pour les TPE... Et puis on part.
Après avoir quitté les filles, je retrouve cette fois "les filles de l'aurore" dans mon Ipod et gambade joyeusement jusqu'à la maison.
Je sonne, comme à mon habitude, même si mes clés sont dans ma poche.
Je préfère, parce que s'il y a un problème, je le vois tout de suite.
Si j'entre seule, j'ai l'angoisse interminable qui me prend dans le couloir avant d'avoir ouvert la porte.
Mais personne ne répond.
Alors je sors mes clés, j'ouvre la porte, je traverse le couloir.
Il y a des mots écrits en grand sur une enveloppe.
Ouf.
ELLEs sont parties chez le médecin. Rien de grave, c'est ma soeur qui a un peu mal au pied.
Je grignote et puis profite de ce moment de liberté pour ressortir et honorer le défi que la prof nous a lancé jeudi dernier.
Je ressors du magasin avec une belle rose rouge.
Amina sera contente.
Elle m'offrira des oeillets, et je lui offrirai cette rose.
J'ai reçu une carte de Marie-Pierre dont c'est d'ailleurs l'anniversaire aujourd'hui, et une deuxième carte m'est remise en main propre. Par Agnès. Souriante et fatiguée.
Elle a pris le train de 4h ce matin, de Strasbourg à Paris puis de Paris à Rouen.
Elle reste là une nuit, et repart demain après-midi direction Nantes.
"Quel beau métier, la vie d'artiste".
Cette journée m'ensoleille le visage, enchainement de petits moments agréables, pas extraordinaires et pourtant, je me sens bien.
Soulagée, même si rien n'est passé.
J'ai hâte d'avoir seize ans, demain, à 7h55, sur le chemin du lycée avec William, Pascal, Victoria ou Pedro.
Commentaires :
Mais en attendant j'y pense...
En quelque sorte, une dernière nuit... j'espère qu'elle aura été paisible.
BzOo
Jooyyeux aaaaanniversaaaiiiiiiiiiiiiiiire
Jooyyyyeux aaaaaaaanniversaaaaiiiiiiiiiiiiire
Jooooyyyeux aaaaaaaaaaaanniversaaaaaaaaaaaiiiiiiiiiiiiire ma Rafounette-que-j'adore-et-que-les-lagons-bleus-des-mers-tropicales-du-sud-sont-jaloux-du-bleu-de-tes-yeux-et-que-si-j'étais-un-grin-de-sable-je-t'offrirai-le-Saharaaaaa
Jooooyyyyeux aaaaaaaaaaaaaaanniversaaaaaaaiiiiiiiiiiiiiiiiiiiire !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
(A ce soooiiiiiiir !)
ninoutita